Life is unfear ㄨ « Susan.. » Mon frère avait une voix tremblante. Serait-ce de la gêne ? Lui qui camouflait toujours ses sentiments car cela pouvait montrer une certaine faiblesse. Les hommes et leur fierté.. Une histoire indéfinissable. Andrew devait passer sa journée au coeur de Setauket dans le but de négocier les dernières récoltes avant l’hiver. Il y avait aussi de la tristesse dans ses yeux. Je le connaissais mon grand frère. Un lien unique entre nous depuis toujours. Une connexion car nous étions similaires sur le caractère. Une personnalité forte et haute en couleur grâce à nos parents. Un silence dans la pièce. Ce sérieux ne demeurait pas habituel entre Andrew et William. Le jeune Stone semblait aussi agacé par la situation. « Que tiens-tu dans tes mains ? » Cette hésitation de sa part de me montrer l’objet. Je désirais lui prendre des mains pour enfin connaître la vérité. Il prit alors l’initiative malgré son corps envahi d’émotions. Une dague possédant un symbole sur le bois, celui de notre famille. D’autres membres Brown vivaient en Angleterre. Nous ne les connaissions pas puisque nous nous trouvions de l’autre côté de l'océan depuis trois générations. Cet objet appartenait aux ainés Brown quand ils fondaient une famille. Cependant, le propriétaire actuel demeurait mon père. Il était parti depuis plusieurs semaines pour rendre visite à son oncle dans les Appalaches. « Père est rentré ? » Une voix douce et légère, comme à mon habitude. Trop naïve pour comprendre dans les premières secondes. Andrew ferma les yeux un instant après mes propos. Je me tournai alors en direction de Will dans l’espoir d’entendre un mot de sa part. « Les tuniques rouges l’ont trouvé.. inconscient. » Il avait cherché sa phrase pour essayer de ne pas me heurter. Aucune tournure serait à la hauteur par rapport à la nouvelle. Nous étions plus que deux dans cette famille. Ma mère était morte en me donnant la vie. Je pensais qu’on était épargné après cette injustice et pourtant, nous continuons à ne pas obtenir l’aide de Dieu.  

Love you more ㄨ La promenade matinale avant de voir William s’attarder à ses occupations. Ce rendez-vous demeurait habituel depuis déjà trois mois. « Arf faut que je demande la permission à ton frère, c’est vrai.. » Un air songeur se dessina sur mon visage. Il avait annoncé ceci dans un silence pendant cette ballade si chère à mon coeur. « De quoi parles-tu ? » Avec mon frère, ils passaient beaucoup de temps ensemble alors, avait-il oublié de discuter d’un sujet important avant de me laisser avec lui quelques minutes auparavant ? « Rien de bien intéressant. Cela te concerne mais.. » Il disait cela d’une banalité sans nom, sur un ton ironique. Je commençais à le connaitre depuis toutes ces années. La main droite attrapa son bras pour stopper la marche. « Et je ne devrais pas être au courant ? » J’essayais de rester sérieuse mais cela ne fonctionnait pas face à son sourire. « En quoi aurais-tu ton mot à dire à propos d’un mariage ? » William termina sa phrase en roulant des yeux. En fait, je n’avais pas tout de suite saisi le sens de ses propos. Réaliser que cet homme désirait me voir devenir sa femme. Il avait tout pour plaire. Une culture indéniable en ayant toujours une critique constructive mais aussi une présence tellement attrayante. La jalousie m’avait emparé chaque nuit où il se trouvait à Boston pour les études. Je l’imaginais avec la gente féminine et pour taire cette rage, l’écriture fut le meilleur remède. « Will.. » Il me souriait dans l’attente d’une réaction et évidemment, ma joie se vit sans retenue. Mon frère ne pouvait pas refuser cette requête puisqu’ils savaient que nous étions épris de l’autre. Andrew se moquerait totalement de la richesse des Stone pour redorer notre famille.

Would you fight with me ? ㄨ Avancer alors que je venais de perdre le dernier membre de ma famille. Ayant aucun droit, la demeure familiale allait surement être mise entre les mains de la couronne. Mon frère avait frappé un soldat britannique. Dans un sens, depuis la mort d’Andrew, je résidais chez les Stone. Des souvenirs trop lourds dans chaque pièce. « On vous prend tout cela pour six shillings. » Un regard noir devint alors instinctif face au sous-fifre du capitaine. « Cela vaut au moins le double ! » Exaspérée de ce marché bien trop injuste. Il prenait en considération le fait que mon frère avait agressé un homme de la garde royal, j’en étais certaine. « Navré, ma fiancée ne voulait pas dire les choses ainsi. » William s’interposa entre le soldat et moi pour essayer de détendre l’atmosphère. Sa main droite essayait avec discrétion de m’obliger à l’attendre plus loin. Chose impossible. « Vous devriez peut-être commencer à lui apprendre les bonnes manières. L’aigreur se lirait presque sur son visage. » Une rage de plus en plus intense vivait en moi. Satané tunique rouge. Un long silence avant d’attendre la réponse de mon fiancé. Il devait chercher ses mots pour éviter les représailles. «  Six shillings, c’est parfait. » La douceur ne se lisait plus sur mon visage depuis plusieurs jours. Une haine, une envie de vengeance bien plus grande qu’on pouvait l’imaginer. Des soldats retiraient les sacs de la charrette pendant que William fixait le sol. Il devait être en train de réfléchir à ses futures remarques concernant mon acte. Ce n’était pas le moment de me chercher ou d’être ferme. Alors que la tunique rouge s’éloignait lentement, je vis le poignard de la famille Brown camouflé sous les vêtements de mon cher et tendre. Il en était l’héritier malgré notre mariage annulé. Cette malsaine envie de le retirer de l’étui pour l’envoyer dans le dos de l’anglais. Je savais le faire, Andrew me montrait dans les bois quand nous étions plus jeunes. Cependant, je n’eus pas le temps de le prendre entièrement dans la main droite que William stoppa la démarche en m’attrapant par le poignet. « Sue.. ! » Il me plaqua alors contre la charrette pour me stabiliser, sans gêne face aux passants. « C’était la dernière récolte d’Andrew ! » Aucune retenue. Impossible à cet instant de sortir ceci dans un murmure. « Je sais très bien mais ce n’est pas une raison pour faire ça. » Comment pouvait-il rester aussi serein ? Les yeux commençaient à briller mais j’essayais de retenir les larmes. « Ce n’est pas normal ! » Les shillings ne demeuraient pas le problème mais, seulement pour l’honneur. Andrew avait travaillé dur pour cette récolte. « Chérie ? Ma belle, écoute. » Mon regard ne croisait pas celui de William. Trop en colère sur le fait qu’il avait rien fait. Du moins, ce qu’il n’avait pas fait. J’essayais de repousser ses mains qui désiraient se poser sur ma taille. Evidemment, je ne faisais pas le poids face à lui. Tout ceci serait pardonné dans les prochaines heures, comme toujours. « Fais-moi confiance. » Dit-il avant de prendre mon visage pour obliger mes yeux à le contempler. « Ensemble ? » Sa voix douce, rassurante par toutes les situations. « Jusqu’à la fin. » William souhaitait utiliser ce petit truc entre nous. Ces deux réponses à sortir quand l’autre ne se sentait pas bien.

Et pourtant, je suis détruite..

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